mardi 30 avril 2013

Des nouvelles de la collection Parent-thèses, et une belle bibliographie consacrée à Pikler

Parmi les ouvrages qui permettent de découvrir l'univers d'Emmi Pikler et les bienfaits que l'approche piklerienne de l'éducation peuvent apporter à l'enfant, je vous avais parlé il y a déjà fort longtemps (et ça se passait sous d'autres cieux), de la collection Parent-thèses. Il s'agissait de petits livres d'une soixantaine de pages, se présentant sous forme de questions-réponses, et qui abordaient différents aspects de la vie du très jeune enfant. Les réponses aux questions des futurs ou jeunes parents étaient apportées par des pédiatres et psychologues, tous spécialistes de l'institut Pikler. Quatre ouvrages avaient été édités : 


Dr J. Falk : En attendant bébé
Dr J. Falk et Dr M. Majoros : Les premières semaines de  votre bébé
Dr M. Majoros et A. Tardos : Repas – Repos
Dr J. Falk et A. Tardos : Mouvements libres - Activités autonomes

Ils étaient, à l'époque, vendus par le biais de l'association Pikler. Or, pour des raisons diverses et variées, l'association ne s'occupe plus de la commercialisation de ces ouvrages. Il reste cependant un stock que l'on peut encore acquérir par d'autres fournisseurs. 

Je ne vous cacherais pas que ces petits livres s'adressent en priorité aux parents. Les professionnels aguerris ne découvriront rien de nouveau à la lecture de ces fascicules. Mais je pense sincèrement qu'ils peuvent être une excellente porte d'entrée, simple, rapide et sans risque (2,50 euros l'ouvrage),  dans l'univers piklerien pour toutes les assistantes maternelles qui n'ont pas encore franchi le pas et qui se demandent encore de quoi il s'agit. Ils peuvent être intéressants aussi pour toutes celles qui voudraient avoir un support écrit pour expliquer Pikler et la motricité libre à leurs parents-employeurs. (Cliquez ICI pour lire un extrait d'un des ouvrages).

Pour en revenir au côté commercial de l'affaire, il y a quelques jours, j'ai été en contact, via ma boite mail, avec un psychomotricien de Besançon, adhérent Pikler depuis 2004, qui m'a fourni tous les documents nécessaires pour que vous puissiez commander le ou les ouvrages qui vous intéressent. Vous trouverez tous les renseignements sur la page du site principal consacrée à la collection, mise à jour pour l'occasion :

http://professionassmat.free.fr/parenttheses.htm

Pour toute commande ou demande de renseignements :
Mail de contact : enlo@orange.fr

Par ailleurs, ce psychomotricien a mis en ligne une bibliographie très complète autour de Pikler, la petite enfance, la psychomotricité et la bientraitance. C'est un lien à visiter de toute urgence : 

http://site-collaboratif.com/Petite-Enfance-Psychomotricite

Une mine de renseignements dont je ne tarderais pas à vous reparler !





lundi 22 avril 2013

On a fabriqué un .... euh... un quoi déjà le troll ?

Ah oui un Tie Fighter ! Oui ben faut m'excuser le troll hein, moi dans ces temps reculés où je regardais Star Wars, je m'intéressais plus au charme niaiseux de Mark Hamill ou à celui plus viril de Harisson Ford qu'aux noms des engins de guerre qu'ils utilisaient ! 

Bref, sur une idée de mon troll, fan de Star Wars et en totale improvisation ce matin, nous nous sommes lancés dans la construction d'un Tie Fighter ! Ouais ! Même qu'on ne s'est pas trop mal débrouillé ! Et même que ce n'est pas si compliqué que ça finalement !



Pour faire comme nous, il faudra vous procurer : 
  • une balle en plastique (oui celles des piscines à balles par exemple)
  • un crayon
  • un gros bouchon de lait
  • du papier alu
  • de la peinture 
  • du carton
  • un coton-tige
  • de la colle et du scotch

On découpe d'abord les ailes et le poste de pilotage de l'engin dans du carton.
Vous ne savez pas à quoi ça ressemble ? Ben moi non plus je ne savais pas, j'ai demandé à Mr Google ! 




On fait peindre tout ça en noir et en gris (nous, on a même rajouté des paillettes dans le gris pour que ça brille !)





Pendant que le carton sèche, on prépare la cabine de pilotage, c'est à dire la balle que j'ai entaillée pour pouvoir y insérer le crayon. On y scotche le bouchon et on recouvre le tout avec le papier alu : 




Il ne reste plus qu'à coller les cartons à la bonne place et le tour est joué. 

Enfin c'est ce que naïvement je croyais, parce que lorsque nous en sommes arrivés à ce stade, mon troll m'a fait remarquer qu'il nous restait à fabriquer l'essentiel, la chose sans laquelle le Tie Fighter n'a aucun intérêt .... les lasers ! Enfin voyons ! 

Nous avons donc pris un coton tige. Nous avons coupé et teinté les extrémités en rouge avec un feutre et nous les avons scotchées sous la cabine. Du coup, parce qu'on est perfectionniste, on a recollé une bande de papier alu par dessus pour masquer notre collage, de sorte que seules les parties en coton teinté apparaissent.



Et au final, voila ce que ça donne ... attention .... là je vous demande de chanter à tue tête le générique du film parce que ça le vaut bien : 







Je m'amusais à vous le mettre en scène, avec petits hommes verts et tout et tout, quand je suis tombée sur l'oeuvre d'art réalisée librement par le troll après le bricolage, histoire de finir la peinture et je me suis dit que, quand même, sur le coup, il avait été drolement bien inspiré mon troll, et que son décor valait largement le mien ! 




Voila, j'espère vous avoir mis le générique dans la tête pour la journée ! 

♫ ♫ Tin Tin Tintintintaiiiin Tin ....♫♫



lundi 8 avril 2013

Règles, limites et interdits : le cr de la réunion du 4 avril 2013


Le jeudi 4 avril, j'ai eu le plaisir d'assister à la soirée débat organisée par le groupe lyonnais de l'association Pikler Loczy qui avait pour thème

Règles limites et interdits : comment accompagner l'enfant dans le processus d'intégration des règles ? 

Elle était animée par Diana Zumstein (psychologue).

Avant de commencer je voudrais revenir sur le petit bémol que j'avais signalé à l'annonce de la soirée. J'avais, en effet, cru bon de préciser que le thème allait être traité dans une optique de collectivité et qu'il était donc  destiné à un public de professionnels.

Or le sujet a été beaucoup plus général que ne l'annonçait le titre et je pense que les quelques parents présents ont autant apprécié, peut être même plus, que les professionnels qui eux s'étaient déplacés en masse !

Il y avait effectivement un monde fou  à cette soirée, au point que la salle était une nouvelle fois bondée, que les derniers arrivants ont suivi les débats assis par terre, et que la soirée a du débuter avec une bonne demi-heure de retard (ce qui nous a malheureusement privé d'une vidéo).

Après une brève présentation de Véronique SZTARK, (psychologue du groupe lyonnais de l'association) qui s'est excusée pour la situation  et qui nous a expliqué que les soirées ne fonctionnant pas sur un système de réservations, il était difficile de prévoir le nombre de participants, la parole a été donnée à Diana Zumstein.

 Son intervention a été ponctuée par deux vidéos prises dans une crèche, et par le témoignage d'un papa dont j'ai oublié le nom (qu'il me pardonne).

Si tant de monde a répondu présent à cette soirée, c'est que le thème rencontre en ce moment un très grand succès. Beaucoup d'informations circulent sur le sujet par les livres, par internet ; on débat sur l'autorité, sur la fessée ; mais paradoxalement les adultes sont démunis ne sachant finalement que penser. Il y a donc un fort intérêt pour tous les sujets traitant de la transgression des règles et les comportements agressifs au cours de la socialisation primaire (la toute petite enfance avant l'entrée à l'école).

Avant c'était simple : l'autorité faisait loi ! L'enfant ne pouvait pas s'exprimer. Puis il y a eu Mai 68 avec son célèbre : il est interdit d'interdire ! Il n'y avait donc plus de cadres, plus de limites avec les conséquences qui en découlent.

On peut se demander si entre les deux, il n'y aurait pas quelque chose où chacun trouverait sa place. Ce quelque chose s'appelle l'éducation démocratique.

La soirée comme souvent chez Pikler n'était pas faite pour nous donner des solutions toutes faites, prémâchées, que nous n'aurions plus qu'à appliquer pour que, comme par miracle, ça marche, mais pour nous faire réfléchir. Rappelons au passage que l'approche piklerienne de l'éducation n'est pas une "méthode".

Par exemple, on s'est interrogé sur ce que c'était une limite. Lorsque l'on demande à l'enfant une limite, on lui demande d'accepter de refouler un besoin irrépressible. Déjà, nous adultes, on a un peu de mal avec cela et on voudrait que les enfants acceptent tout, tout de suite. Les adultes ont besoin de sanctions (code de la route par exemple) pour accepter les règles. Les enfants aussi mais accepter les règles ne veut pas dire perdre sa volonté. On va parler d'éducation démocratique qui va passer par la valorisation de soi et l'intégration des règles. Pour fonctionner, cela doit être compatible avec les capacités de l'enfant.

La question des règles est indissociable de la notion de socialisation. L'enfant doit :

  • s'intégrer au groupe
  •  accepter volontairement les règles
  • respecter les autres

mais aussi trouver sa place, ce qui nécessite de connaître ses besoins et d'être capable de les exprimer. 

La construction de la personnalité passe par la conscience de lui-même, de ses limites et de l'existence des autres. Il a pour cela des capacités (connaître et communiquer ses besoins). Encore faut-il que les adultes l'écoutent. Par exemple un enfant sait s'il a besoin de dormir ou de manger mais les adultes ne l'écoutent pas forcément.

Dans l'éducation démocratique on tient compte de l'enfant et on lui fait confiance. Prenons l'exemple du repas. D'accord, il y a un cadre : c'est le moment du repas ; mais l'enfant doit pouvoir choisir si il veut manger. Si on le force, il ne comprend plus car il pense que l'on n'a pas entendu son besoin donc qu'il n'a pas été capable de nous le communiquer. Dit comme cela, on se rend bien compte de ce que cela peut induire  chez l'enfant, sur la confiance et l'estime de soi.

Notons au passage que la socialisation primaire ne requière pas la fréquentation d'un groupe d'enfants. C'est la relation affective de confiance entre l'adulte et l'enfant qui facilite le processus d'intégration des règles. La relation doit être sécurisante.

Intégrer une règle (qui sert à protéger la sécurité de l'enfant et des autres), c'est l'avoir à l'intérieur de soi et la gérer soi-même. C'est un processus long et compliqué. Il faut donc s'interroger sur la manière de présenter les règles aux enfants pour qu'ils les acceptent, en tenant compte d'eux.

Les enfants côtoient plusieurs cultures. Parfois les adultes ne sont pas d'accord entre eux. Imaginez alors la difficulté que cela représente pour un enfant. Dans sa première année, il n'y a pas trop de problèmes. Le bébé ne bouge pas, il n'y a donc pas d'interdit. Puis l'enfant commence à se mouvoir : il bouge ! Et là, on commence à dire non. On pose des interdits ou on demande des choses qui parfois sont irréalisables pour les enfants, comme par exemple de partager des jouets au moment où justement ils se rendent compte que les jouets sont à eux. Ils en sont incapables : il n'y a aucune possibilité de partage au début. C'est d'ailleurs pour cela qu'il est judicieux pour une assistante maternelle de se procurer plusieurs jouets identiques : ça évite  d'avoir à partager alors que cette action ne sera possible que plus tard. On peut d'ailleurs noter que même vers 5/6 ans, les enfants ont encore besoin des adultes pour tous les "jeux d'équipes".

Le meilleur moyen de faire comprendre les règles,  c'est de mettre en place un cadre stable, fiable et repérable : instaurer une ritualisation des évènements. L'enfant peut alors anticiper et s'y préparer activement. Il développe ainsi son sentiment de sécurité et de compétence. Il peut ainsi cheminer du pulsionnel au social car on répond à ses différents besoins physiologiques en tenant compte de ses capacités et de ses micro-rythmes personnels :
  • sécurité matérielle et affective (repère) 
  • être reconnu comme un individu (valable et capable) et non pas en tant que groupe
  • possibilité d'agir par soi-même (être actif et acteur)

Pour prendre l'exemple des repas, pourquoi demander à un enfant de manger plus lentement alors qu'il peut avoir envie de manger vite !

Nous avons ensuite visionné une vidéo mettant en scène un petit garçon de 16 mois en pleine séance d'activité libre dans une crèche. Il s'amuse d'abord à lancer un ballon par dessus la barrière qui délimite l'aire de jeu. Il essaye  de le rattraper avec le pied mais il n'y arrive pas. 

Doit-on intervenir et lui rendre son ballon ? En faisant cela on lui signifierait qu'il n'y arrive pas tout seul. Ça n'aurait pas été judicieux d'autant plus que très vite le ballon ne l'intéresse plus et on le voit s'occuper d'abord avec de l'herbe puis avec une panière qu'il lance aussi par dessus la barrière ainsi que différents jouets qu'il essaye avec succès d'ailleurs de placer dans la panière. Il passe ainsi de longues minutes à passer par dessus bord les jouets qu'il trouve sur son passage. La non intervention de l'adulte au départ a permis une chose très importante : l'élaboration d'un projet ! Elle a été possible parce que les jeux mis à sa disposition permettaient de le laisser faire. On aurait été obligé de lui interdire cette action si les jeux présents avaient été plus lourds car ils auraient pu  blesser les autres enfants présents. Là il n'y a aucun danger, on peut donc le laisser faire. Aucun besoin d'interdire !

Éduquer, c'est accompagner l'enfant pour qu'il puisse vivre ses besoins de manière socialement acceptables. C'est le confronter au principe de réalité mais pas au pouvoir de l'adulte. On doit toujours se demander comment on pourrait dire oui plutôt que non, comment on peut limiter mais pas supprimer, car l'enfant ne doit pas avoir l'impression de tout perdre.

A ce moment là de l'exposé, et pour argumenter ses dires, la psychologue nous a donné l'exemple du toboggan et pour faire un petit aparté personnel, je n'étais pas peu fière car ce qu'elle a expliqué correspond exactement à ma "gestion" du toboggan. 

Vous avez du le remarquer, autour du toboggan, on entend souvent dire "Non pas dans ce sens, faut pas monter par là ! C'est fait pour descendre et pas pour monter ! Personnellement je ne trouve pas ça très judicieux d'interdire à un enfant de monter par la pente du toboggan, d'autant plus que pour un tout petit c'est beaucoup plus facile par là et qu'il peut le faire tout seul alors qu'il pourrait avoir besoin d'aide pour monter par les marches. Pourquoi donner cet interdit totalement inutile ? 

L'enfant a bien le droit d'expérimenter l'engin dans le sens qu'il veut. Par contre rien n'empêche d'instaurer quand même une "réglementation" pour que ce soit "socialement" acceptable. Quand il n'y a personne sur le toboggan, on monte comme on veut, quand il y a du monde  on laisse la priorité aux enfants qui sont montés par les marches et qui veulent descendre ! Il ne faut pas créer un embouteillage en haut des marches qui pourraient, lui, s'avérer dangereux.  On ne fait alors que limiter l'utilisation : on ne l'interdit pas !

Nous avons ensuite visionné une deuxième vidéo nous montrant une petite fille pendant un temps de change. Nous avons pu remarquer que durant le change, l'adulte a négocié avec l'enfant plutôt que d'imposer. Le change a été long, sans le moindre énervement de la part de l'adulte alors que la petite fille ne semblait pas très partante au départ. L'adulte a considéré l'enfant comme un partenaire, sans faire à sa place, sans faire de forcing.

Après cette vidéo dont je reparlerai en fin de compte rendu, nous avons enchaîné sur le thème plus général du choix des règles en crèches.

Celles-ci doivent être :
  1. - peu nombreuses : grâce à la manière d'aménager l'espace ;
  2. - constantes : mais il faut les faire évoluer ;
  3. - délimitées : par exemple on ne tape pas sur un copain, mais sur un jeu si on veut ;
  4. -  hiérarchisées avec :
    • les interdits,
    • les règles liées à la vie en communauté
    • les valeurs et les attentes de l'adulte. Ces dernières ne devraient pas faire l'objet de négociation mais plus d'une imprégnation progressive de l'enfant.

S'il n'y avait qu'une chose à retenir de cette réunion c'est à ce stade que nous l'avons abordé : Si l'enfant n'obéit pas, ce n'est pas pour vous embêter ! Il ne vous provoque pas ! Il vérifie que la règle est bien une règle, qu'elle est toujours valable et aussi quel genre de relations la transgression de celle-ci va donner.

Il peut arriver aussi qu'il ne connaisse pas la règle, qu'il soit inquiet, pas bien, qu'il veuille que l'adulte s'intéresse à lui.

Certaines règles sont difficiles. Il faut alors l'aider à les respecter par la négociation.

Pour finir nous avons abordé la question de l'agressivité.

Diana nous a donné la vraie définition de l'agressivité : il s'agit d'un acte intentionnel, volontaire, conscient qui provoque une douleur psychique. Quand on prend cette définition il n'y a donc pas beaucoup de véritable agressivité au cours de la socialisation primaire.

Il faut faire la part des choses entre les mouvements d'agressivité et les mouvements de découverte. Prenons l'exemple d'un bébé qui écrase un autre bébé dans une aire de jeu. Il ne s'agit pas là d'agressivité et nous ne devons intervenir que si l'enfant en fait la demande explicite. Si on intervient trop, l'enfant n'apprend pas à gérer et on est alors obligé d'interdire tout le temps.

L'agressivité peut prendre 2 formes : les décharges de tension qui peuvent être éradicables, et les conflits entre deux individus qui se règlent avec l'éducation.

Elle peut découler de 3 situations :
  • des besoins non satisfaits (sommeil, faim....) en répondant à ses besoins on fait disparaître l'agressivité.
  • quand l'enfant ressent la menace de perdre sa place dans une relation importante
  • quand on gêne l'enfant, qu'on l'empêche d'agir par lui même (il faut donc anticiper)

On pourrait finir par cette phrase : l'agresseur est un enfant en souffrance et non pas un enfant qui fait exprès pour nous embêter !

Il y avait semble-t-il beaucoup de questions après cet exposé mais malheureusement peu de temps pour y répondre.

Une maman a demandé comment elle devait gérer lorsque son enfant ne voulait pas prendre sa douche (opération qui semblait poser des problèmes quotidiens) Elle se demandait notamment si elle devait l'obliger ou céder à l'enfant. Diana lui a fait remarquer que la douche n'était pas obligatoire, que la seule obligation c'était de se laver, qu'elle pouvait donc proposer autre chose à l'enfant pour qu'il accepte de se laver sans pour autant passer par l'étape douche, sans oublier de  lui reproposer régulièrement sans l'obliger.

Une question a porté sur les punitions : punir fait partie de l'éducation autoritaire. Dans l'éducation démocratique on ne punit pas ! Par exemple quand on voit deux enfants qui se battent, on les sépare. Mais cette séparation n'a pas pour but une réflexion ou une punition. C'est simplement pour qu'ils puissent continuer à jouer.

Une personne a voulu revenir sur la deuxième vidéo, celle du change de l'enfant. Il lui semblait totalement impossible qu'en collectivité on consacre autant de temps au change d'un seul bébé (dans la vidéo l'opération dure bien 9 minutes pendant lesquelles l'adulte est donc seul avec un seul enfant, chose qui lui paraissait impossible en accueil collectif). Diana a dit qu'il s'agissait simplement d'une question d'organisation de service et qu'il fallait donc y réfléchir en amont. Elle a demandé à l'assistance si quelqu'un avait des exemples d'organisation à proposer. Le temps nous a manqué pour les réponses. 

Personnellement, je n'ai rien dit car je ne travaille pas en collectivité donc j'aurais été un peu hors sujet mais il se trouve que dans ma pratique, je fonctionne comme sur la vidéo : un change lent, qui ne force jamais l'enfant, qui explique chaque geste qui négocie, qui propose à l'enfant de faire lui même tout ce qu'il est capable de faire comme par exemple d'aller mettre lui-même sa couche dans la poubelle (dans la vidéo, l'enfant montait lui-même sur la table à langer : je ne suis malheureusement pas équipée pour cela !). 

C'est vrai que pendant ce temps là, les autres enfants que j'accueille se gèrent seuls. Une dizaine de minutes sans réelle surveillance ça peut sembler long ! Sauf qu'avant j'ai réfléchi à la chose. J'ai aménagé l'espace de jeu pour qu'il soit sécurisé au maximum : pas d'objets fragiles qui pourraient casser, pas de choses ou de produits dangereux, des jeux à disposition que les enfants, même tout petits, peuvent prendre seuls. Le lieu de change est visible de la salle de jeu (ce qui sécurise les enfants). J'évite de me lancer dans un change quand je sais que je ne vais pas être disponible. J'essaye par exemple de les réaliser pendant que les enfants jouent librement et pas quand on fait une activité dirigée. Je range les jeux qui, je le sais par expérience, sont susceptibles de créer des conflits entre les enfants. Je les préviens que je ne veux pas être dérangée, en précisant à ceux qui n'ont pas de couches que je vais être indisponible pendant quelques minutes et que si ils ont une petite envie, il vaut mieux me demander maintenant. 

Avec les enfants qui sont arrivés à l'état de mini-crevettes chez moi, il n'y a jamais de problème. Ils comprennent très bien parce qu'ils savent comment ça fonctionne l'ayant eux-mêmes expérimenté et ayant été ainsi sécurisés. Il se trouve qu'en ce moment j'ai un enfant qui est arrivé chez moi avec un statut de grand troll. Pour lui c'est moins évident : comme par hasard c'est toujours quand je suis avec un bébé sur la table à langer qu'il a une irrépressible envie d'aller se soulager ! Avant de connaître Pikler, j'aurais bâclé le change du petit pour pouvoir emmener le grand aux toilettes. Peut être même que je me serais mise en colère quand je me serais aperçue que la grosse envie n'était pas réelle. J'aurais peut être même pensé que l'enfant le faisait exprès pour m'embêter, ou par jalousie par rapport au petit, voire par méchanceté. Je sais maintenant d'une part qu'il n'y a pas urgence (qu'il n'y a donc pas lieu de s'inquiéter) et d'autre part qu'il ne fait pas ça pour m'embêter, qu'il s'assure simplement qu'il bien compris la règle et veut savoir ce qu'il va se passer si il ne la respecte pas. Je continue le change tranquillement en lui précisant que je m'occuperai de lui après quand j'en aurai fini avec le changement de couche du bébé. Je précise que mon grand troll ne s'est jamais roulé par terre de rage après que je lui ai signifié cela.

Sur une question traitant de l'agressivité d'un enfant, j'ai été un peu gênée de voir une réaction assez récurrente je trouve dans le métier qui est d'accuser les parents, de les rendre responsables de cette agressivité soit en la provocant soit en ne tentant rien pour la freiner. C'est un peu facile et complètement inefficace. Devant un enfant agressif et donc en souffrance, on doit s'interroger sur les moyens que l'on doit mettre en oeuvre, nous, pour que l'enfant se sentent mieux. Rejeter la faute sur les parents, c'est plus simple bien sûr mais cela ne résoudra jamais le problème de cet enfant. 

Ainsi s'achève mon compte-rendu. La prochaine réunion du groupe lyonnais de l'association Pikler se déroulera le 20 juin. Elle traitera de l'enfant dans sa 3ème année, avec aux commandes la psychomotricienne Sylvie Lavergne. 


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